La TCC est-elle vraiment une thérapie brève?
- Anne Fierry Vérité
- 19 mai
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 août
Quand j’ai commencé à m’intéresser à la thérapie comportementale et cognitive (TCC), je me suis vite rendu compte qu’il y avait un malentendu assez répandu. Beaucoup de gens pensent que “thérapie brève” veut dire “thérapie rapide”, comme s’il suffisait de quelques séances pour aller mieux. Et c’est vrai que certains cas s’y prêtent, comme les phobies qui peuvent se régler en 12/16 séances. Mais dans d'autres situations, comme l'anxiété généralisée, l'addiction ou la dépression, les choses sont plus complexes.
La TCC plait à certains patients car elle a une direction, des outils, une structure : ce n’est pas une thérapie qui s’installe dans l’indéfini. Les choses sont nommées, classées dans des tableaux, des exercices progressifs et rassurants jusqu'à l'autonomie totale.
Ce que j’aime dans la TCC, c’est sa clarté. Elle permet de repérer les symptômes, d’identifier les mécanismes, et de proposer des leviers d’action concrets.
Mais ce que j’aime encore plus, c’est ce qu’elle devient quand on la croise avec une écoute plus profonde, plus analytique.
Parce que, même si la TCC travaille sur l’ici et maintenant, les symptômes n’arrivent pas par hasard. Ils ont une histoire, une logique affective. Et ça, c’est mon regard de psychanalyste qui me le rappelle en permanence.
Je crois profondément que l’un peut nourrir l’autre : que la rigueur de la TCC peut s’assouplir au contact d’une écoute des conflits inconscients, et que la psychanalyse peut gagner en efficacité quand elle s’appuie sur des outils concrets pour aider les patients à bouger dans leur quotidien.
Alors, la TCC est-elle une thérapie brève ? Oui, si on la compare aux longues années de certaines analyses qui sont souvent demandées par des personnes passionnées par leur psychisme. Mais brève ne veut pas dire superficielle. Et dans ma pratique, ce n’est pas rare que l’on commence par une problématique très ciblée — une phobie, une anxiété sociale — et que, de fil en aiguille, on ouvre des portes plus anciennes, plus profondes.
C’est là, je crois, que la rencontre entre TCC et psychanalyse devient féconde. On agit sur le présent, tout en respectant l’histoire. On donne des outils, tout en laissant de la place à ce qui dépasse les outils.
Et peut-être que ce n’est pas la durée qui compte, mais le chemin qu’on parcourt ensemble.





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