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Ma maman se meurt et le vilain petit canard

Dernière mise à jour : 23 août



Ma maman se meurt en ce mois de juin 2024. Cancer. Cœur qui ne supportera pas la chimio. Impuissance. Que faire ? De quoi a-t-elle besoin ? Et son homme ? Comment le soutenir ? Ma maman se meurt et nous tissons un fil ténu par sms timides. Je lui déclare mon amour et elle me répond par un smiley sourire et sommeil… elle est fatiguée de lutter…

Ma maman se meurt. Ses petits enfants sont si tristes car c’était la plus belle et la plus merveilleuse cuisinière et la plus intelligente des psychanalystes de toutes les grands mères du monde. Sa fille est triste car c’était sa maman, son miroir, son capitaine, son passé.

Lors du deuil, nous traversons des phases disent les psy. Actuellement je suis dans la nausée, la perte de repères spatio-temporels, le sentiment d’injustice, le syndrome d’Ariel la petite sirène qui perd sa voix. Un traumatisme, une déferlante, un coup de boule dans la face. Trop jeune pour partir. Mon corps parle à ma place.

Son frère m’envoie des photos d’elle jeune : une déesse. La perfection même. Normal donc ces sentiments ambivalents qui me tourmentent. Elle a toujours été plus belle, plus parfaite, plus aimée, plus admirée que moi sa fille. J’ai dû lutter pour exister dans son ombre. D’ailleurs je n’étais pas désirée. Bam! 15 ans d’analyse! Elle avait l’art de la pose. L’art du regard. Elle se faisait chatte et tous les mâles rôdaient autour d’elle, même mes premiers petits copains.

Ce syndrome du vilain petit canard, beaucoup d’enfants, d’adolescents et d’adultes le traversent face à un parent trop-beau-pour-toi. J’avais 35 ans donc l’âge de cette photo, lorsque ma mère de 55 ans sortait de sa voiture, telle une star, arpentait les quelques mètres la séparant de la classe de son petit fils, en traversant la cour de l’école. Tous les regards braqués sur cette apparition mega classe hyper chic et irréelle. Ma Voisine me sort : ouah!!! Elle est si belle ta mère !!! Et le sol s’effondrait sous le poids de ma honte et de ma jalousie, mon envie. Mon envie de lui reprendre cette beauté ( hé ho !! C’est mon tour !!)

Il n’y a que le long travail de la cure analytique qui peut, à mon avis, sublimer cette haine originelle qui se réveille au moment du deuil quand toutes les émotions sont exacerbées et que remontent à la conscience les anciens conflits et ressentiments d’enfant.


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